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L’axe intestin/cerveau : des autoroutes de neurones

Notre intestin fonctionne de manière autonome grâce a son propre système nerveux, qualifié de deuxième cerveau. Ses parois contiennent 100 à 200 millions de cellules nerveuses capables de piloter la digestion et l'absorption des nutriments en stimulant les sécrétions digestives, les contractions musculaires, la perméabilité intestinale et les défenses immunitaires. 

L’axe intestin/cerveau relie le ventre à la tête via la moelle épinière et d'autres faisceaux de nerfs comme  le nerf vague. Notre intestin échange en permanence avec notre cerveau par liaisons nerveuses ou messages chimiques.

Les bactéries de notre colon (gros intestin) se nourrissent des substances que nous avons ingérées pour produire des métabolites (acides aminées, acides gras à chaîne courte…) qui en circulant dans le sang contribuent au fonctionnement de l’organisme et du cerveau et agissent par ce biais sur nos comportements.

Parmi ces messagers chimiques, on retrouve la dopamine, la sérotonine, la noradrénaline qui ont le plus souvent un pouvoir excitateur. Le GABA a lui un potentiel inhibiteur.

L’impact des messagers chimiques produits par les bactéries de notre gros intestin est encore mal connu. Cependant, on sait que quand tout est en ordre le cerveau convertit ces signaux en un sentiment de bien-être. Et qu’à contrario, elles peuvent influencer négativement notre humeur.

Le nerf vague joue également un rôle central. Il part du cerveau pour atteindre plusieurs parties de l’appareil digestif, du pharynx jusqu’au milieu du gros intestin et permet « une communication permanente entre le cerveau et le Système Nerveux Entérique (SNE) et vice versa ».

Par exemple, le stress ressenti par le Système Nerveux Entérique agit directement sur la muqueuse intestinale, provoquant la sécrétion de sérotonine, neurotransmetteur impliqué dans divers désordres psychiatriques (anxiété, dépression, agressivité, stress, sommeil, etc.) et produit à 95 % par les cellules nerveuses de l’intestin, qui agit ensuite sur notre cerveau ». 



Source : Alexandra Gros, Dr en neurosciences - Institut des neurosciences Paris-Saclay https://lejournal.cnrs.fr/nos-blogs/aux-frontieres-du-cerveau/limage-de-la-semaine-le-ventre-notre-deuxieme-cerveau

Microbiote, stress et dépression…

Sylvie Rabot, chercheuse à l’Institut Micalis de Jouy-en-Josas (Yvelines) et d’autres chercheurs ont constaté en déséquilibrant le microbiote de souris l’apparition de comportements évocateurs de dépression. En innoculant par la suite à des souris des microbiotes de patients dépressifs, les mêmes symptômes réapparurent.

Pourrait-on en extrapolant à l’homme guérir la dépression en soignant le microbiote ? Les recherches doivent se poursuivre pour en savoir plus mais on sait que beaucoup de patients dépressifs ont des troubles gastro-intestinaux.

D’après cette scientifique « le fait d’améliorer le microbiote par des stratégies alimentaires, des probiotiques ou une transplantation fécale de selles permettrait de limiter ces problèmes, et ainsi sans doute, de normaliser les signaux envoyés par l’intestin au cerveau. Ce qui pourrait contribuer à améliorer leur état dépressif ». Source : Interview Sylvie Buy, journaliste scientifique, Dr en biologie.

En 2011, une équipe du département de neuro-psychopharmacologie du centre de recherche de Vandoeuvre-les-Nancy a mené une étude pendant 30 jours consécutifs auprès de 60 volontaires « normalement » stressés ne présentant pas de troubles dépressifs importants et répartis en 2 groupes.

Au préalable, 2 tests pour mesurer le taux de cortisol (hormone du stress) et évaluer leur ressenti sur une échelle d’anxiété avaient été réalisés.
- Deux probiotiques Lactobacillus Helveticus et du Bifidobactérium Longum ont été administrés au 1er groupe.
- Le second groupe recevait un placebo.

Les mêmes tests réalisés cette fois après le protocole des 30 jours ont montré chez le groupe sous probiotiques une diminution significative de plusieurs symptômes connus du stress comme la somatisation, la colère, la peur, l’anxiété. Même si ces symptômes restaient somme toute modérés au début du protocole. Le groupe sous placebo n’a vu aucun changement significatif. Source : "Stress, hypersensibilité, dépression... Et si la solution venait de nos bactéries ?" Pr G. Perlemuter

Emotions et liens avec les troubles fonctionnels de l'intestin

« Il est bien difficile de définir les émotions, d’en avoir une idée claire et consensuelle : en témoignent les milliards de références des moteurs de recherche sur le sujet ; et la confusion grandit encore si l’on prend aussi en compte la définition des sentiments.

Les émotions sont comme le vent ou plutôt les vents : on en perçoit plus les effets qu’on en saisit la trame.
Les émotions, c’est la vie, c’est le mouvement (« s’émouvoir ») ; elles concernent tous les êtres vivants : les animaux et les humains, c’est certain, mais sans doute aussi les végétaux. Ce mouvement, cette animation sont provoqués par des stimulations extérieures captées par les sens, mais aussi par des stimulations intérieures (pensées, souvenirs …). Puis se créent très rapidement des réactions multiples : endocriniennes, neurovégétatives, physiques, psychologiques, comportementales et mentales : mais là, on est sans doute déjà dans les sentiments (« sentis mentalisés »).

Les émotions c’est la vie et d’ailleurs ça sert à la survie : fuir pour échapper au danger, se défendre, se figer … A la suite des travaux de Paul Eckmann, on considère généralement qu’il existe 6 émotions de base :
- Une émotion « neutre » : la surprise qui précède sans doute les autres
- Une émotion « positive » :  la joie
- Et 4 émotions plutôt désagréables : la peur, la colère, la tristesse et le dégout

Mais quelles qu’elles soient, et quelques soient les connotations plus ou moins péjoratives et morales qui les affublent souvent, les émotions sont naturelles et utiles : quelque chose qui nous dégoûte est sans doute nocif pour nous, notre colère est sans doute juste ou justifiée, la peur peut être salutaire.

Là où les émotions deviennent gênantes et délétères, c’est lorsqu’elles sont excessives et inadaptées aux situations réelles, pouvant entraîner des problèmes relationnels et un mal-être personnel incluant des troubles psychosomatiques. Une émotion inadéquate tend à se pérenniser car sa cause est un leurre et nous coupe de notre légitime joie de vivre : la libération des émotions inappropriées libère les tensions générées, le plus souvent de manière inconsciente, et lève comme un écran sur notre nature vivante.

La combinaison des 3 couleurs de base serait à l’origine de deux millions de teintes ou couleurs secondaires. On peut donc imaginer la multiplicité des émotions combinant ces 6 émotions de base, même si cette classification reste artificielle ».
Source : Interview Jacques Fumex, gastro-entérologue, formateur EmRes. https://www.institut-sante-emotionnelle.fr/