Hypnose et Syndrome de l’Intestin Irritable
Le Pr Bruno Bonaz, ancien chef du service de gastro-entérologie au CHU de Grenoble et expert du nerf vague, s’est consacré au Syndrome de l’Intestin Irritable qui concerne 6 consultations sur 10 en gastro-entérologie. Les traitements médicamenteux proposés permettent de soulager les patients souffrant de douleurs abdominales, ballonnements, diarrhées, constipations mais ne règlent pas le problème sur le long terme.
En 2005, ce spécialiste de la neurogastroentérologie a commencé à traiter le problème à la source avec l’hypnose. Ses patients sont des « gens qui subissent des stress répétés au travail, en famille, ou qui ont connu des traumatismes. Ce stress a déréglé les flux subtils d’informations entre le cerveau et l’intestin ».
L’hypnose cherche à restaurer le dialogue entre les deux. Avec son équipe, il décline un protocole de prise en charge de sept séances d’hypnose proposé aux patients pour enclencher un lâcher-prise et l’étendre jusqu’à l’intestin. Et les résultats sont là avec deux tiers de ses patients qui y voient un bénéfice. « Comme les symptômes diminuent, ils prennent moins de médicaments et se disent plus détendus et dorment mieux ».
Source : Interview Pr Bonaz par Sylvie Buy, journaliste scientifique, Dr en biologie.
EMDR et TTC reconnues pour leur efficacité
La thérapie « Eye Movement Desensitization and Reprocessing » ou désensibilisation et retraitement par les mouvements oculaires.
Depuis 30 ans l’EMDR a prouvé son efficacité à travers de très nombreuses études scientifiques*. Cette approche psycho-émotionnelle est principalement préconisée pour le trouble de stress post-traumatique (TSPT), qui est la dénomination scientifique de ce qu’on appelle aussi plus communément le psychotrauma.
Lorsque nous sommes confrontés à un choc traumatique, notre cerveau n’arrive pas à traiter – ou digérer – les informations comme il le fait ordinairement et reste bloqué sur l’évènement, sans que nous en ayons conscience. Ce sont ces vécus traumatiques « non digérés » par notre cerveau qui déclenchent un trouble de stress post-traumatique et d’autres pathologies associées comme le Syndrome de l’Intestin Irritable.
Cette thérapie peut avoir un effet puissant sur le psychisme du patient. Elle nécessite une relation thérapeutique de confiance avec son psychologue et d’identifier la problématique susceptible d’être traitée en EMDR et les souvenirs traumatiques à l’origine de ces difficultés.
La psychologue demande au patient de se concentrer sur le souvenir traumatique, en gardant à l’esprit les aspects sensoriels les plus perturbants (image, son, odeur, sensation physique), ainsi que les pensées et ressentis actuels négatifs qui y sont associés. Des séries de stimulations bilatérales alternées rapides seront réalisées en parallèle. La finalité est de neutraliser le souvenir en le mettant suffisamment à distance et d’aider le patient à associer à ce souvenir une pensée positive.
*Source : Novo Navarro P, Landin-Romero R, Guardiola-Wanden-Berghe R, Moreno-Alcázar A, Valiente-Gómez A, Lupo W, García F, Fernández I, Pérez V, Amann BL. 25 years of Eye Movement Desensitization and Reprocessing (EMDR): The EMDR therapy protocol, hypotheses of its mechanism of action and a systematic review of its efficacy in the treatment of post-traumatic stress disorder. Rev Psiquiatr Salud Ment (Engl Ed). 2018 Apr-Jun;11(2):101-114. English, Spanish. doi: 10.1016/j.rpsm.2015.12.002. Epub 2016 Feb 11. PMID: 26877093.
Les thérapies comportementales et cognitives (TCC) sont centrées sur la cognition, c’est à dire les pensées et les croyances parfois fausses et négatives qui vont enclencher chez nous un état de souffrance, d’anxiété* voire un comportement névrotique (Dépendance, TCA…)
"Les TTC sont basées sur la psychoéducation. On délivre à la personne un certain nombre d'informations sur son problème et sur la thérapie; des informations qui lui seront utiles pour comprendre, adhérer au projet et réaliser par elle-même des exercices en dehors des séances".**
"Une TCC débute en général par une évaluation complète des symptômes et les circonstances de déclenchement ainsi que par l'évocation du contexte et des facteurs individuels et interpersonnels". ** Des objectifs seront définis par le thérapeute et le patient et une série d’exercices seront initiés au cours et en dehors des séances. La TCC est complémentaire à l’hypnose ou l’EMDR.
*Source : Kaczkurkin AN, Foa EB. Cognitive-behavioral therapy for anxiety disorders: an update on the empirical evidence. Dialogues Clin Neurosci. 2015 Sep;17(3):337-46. doi: 10.31887/DCNS.2015.17.3/akaczkurkin. PMID: 26487814; PMCID: PMC4610618.
** Source : Dr Dominique Servant, médecin psychiatre, responsable de l'unité Stress et anxiété au CHU de Lille et auteur de Se libérer de l'anxiété et des phobies en 100 questions, aux éditions Tallandier.
Une autre alternative : EmReS, la résolution émotionnelle
EmRes (Emotional Resolution) est une méthode simple qui permet l’évacuation rapide des « blocages » émotionnels, qu’ils soient récents voire actuels, ou plus anciens et alors plus ou moins cachés et exprimés de diverses façons : troubles anxieux, phobies, dépression, troubles du comportement et dans les relations, addictions, troubles psychosomatiques …
L’effort volontaire, en cas de réaction émotionnelle, de porter son attention sur ses sensations physiques permet de les libérer de l’emprise du mental et de favoriser leur évolution naturelle qui va dans le sens de leur évacuation rapide (2 minutes en moyenne) : l’émotion, dont le mode d’expression est essentiellement (mais pas exclusivement) physique, se trouve alors comme dissoute : on parle de résolution émotionnelle (RE).
Cette démarche impliquant la fixation de l’attention sur les ressentis et une sorte de décrochage de la conscience claire s’assimile à un processus d’Hypnose flash
En pratique, cette méthode peut s’appliquer, pour soi-même ou accompagné.e par une autre personne, dans deux circonstances :
-Au moment de la survenue de l’émotion et cela consiste donc à se poser la question de ce qu’il se passe alors (là, maintenant) dans le corps avant de laisser évoluer les sensations jusqu’à ce qu’elles s’apaisent.
-A distance de l’émotion donc de l’évènement qui l’a provoquée et il faudra alors la « réactualiser » par un procédé actuellement bien établi et qui équivaut à ce que l’on appelle une régression en âge en Hypnothérapie.
Dans le cadre des troubles psychosomatiques et notamment des TFI, cette méthode, actuellement testée (étude clinique en cours) au sein de l'Ecole du ventre initiée par le Pr Mion à l'Hopital E. Herriot à Lyon, est utile d’une part pour évacuer les conséquences émotionnelles des symptômes et désamorcer la « boucle d’auto-entretien » (« mes maux de ventre m’angoissent et mes angoisses me font mal au ventre »…) et d’autre part pour « extirper », grâce à des habiletés de procédure, les mémoires qui peuvent être très anciennes (et même périnatales) de traumatismes enfouis et inconscients qui expliqueraient une grande majorité de ces troubles.
Source : Jacques Fumex, gastro-entérologue - formateur EmRes - www.institut-sante-emotionnelle.fr